Contre les agressions et les violences, les disciplines de self-défense : Des sports qui se conjuguent au féminin

Le concept des  activités sportives de self-défense est d’apprendre à se défendre au moyen de techniques simples, efficaces et accessibles à tous.

On nous a recommandé de rendre visite à une salle de sports située en plein centre-ville à Tunis pour observer ce nouveau phénomène. Notre interlocuteur s’est empressé de nous préciser que ce n’est pas seulement la capitale qui bénéficie de l’ouverture de ces salles, dont quelques-unes se sont reconverties au vu de la demande : l’afflux de la gent féminine qui est expressément intéressée par les sports de combat est incroyable. Plus précisément les disciplines de self-défense qui permettent à la personne agressée de tenir en respect un agresseur le temps de laisser arriver les secours.

Le concept des  activités sportives de self-défense est d’apprendre à se défendre au moyen de techniques simples, efficaces et accessibles à tous.

Indépendamment de cet aspect, cette activité, qui met en mouvement tout le corps, permet de se défouler, de s’affirmer et d’aborder les difficultés de la vie quotidienne avec plus de philosophie et de sérénité.

C’est avec beaucoup de curiosité que nous avons enregistré les premiers grands succès de nos sportives en sports de combat. Mais avec l’arrivée d’authentiques championnes du monde, le public a fini par comprendre que la femme tunisienne, parallèlement à son accès aux carrières juridiques, à l’enseignement, à l’aviation, à l’informatique, aux forces armées ou de sécurité, à la protection civile, etc. s’est imposée dans ces sports de combat où elle excelle.

Plus l’apanage des garçons

C’est ainsi que les femmes ont investi les clubs de boxe, les cours de jiu-jitsu ou de karaté,  hantant  les dojos pour apprendre à se défendre. De là, de véritables carrières se sont dessinées. Les sports de combat  ne sont plus l’apanage des garçons et les clubs spécialisés se sont forcément adaptés à cette nouvelle clientèle qui a soif d’apprendre. Ils  proposent des séances adaptées aux situations que les femmes peuvent rencontrer dans leur vie quotidienne, apprennent à discerner ces regards qui précèdent l’agression, pour justement la prévenir.

Bien entendu, il ne s’agit nullement de transformer le domicile conjugal en arène de combat. Les agressions conjugales que la ministre tunisienne de la Justice  a dénoncées  se rapportent à plus de 4.000 cas de violence contre les femmes et les enfants pendant la période de confinement sanitaire relatif à la pandémie du Covid-19.

Les cas ont augmenté

La ministre a indiqué, dans ce contexte, que «le nombre des cas de violence recensés a augmenté pendant le confinement» et que le ministère public a enquêté sur 4.263 affaires en lien avec de la violence contre des femmes et des enfants pendant cette période, où 5.111 individus ont été mis en cause».

Ces violences ne sont pas les seules que subit la femme. En effet, à la maison, l’agresseur est connu. Le lieu est délimité. Les témoins, le cas échéant, ce sont (malheureusement) les enfants ou les voisins. Les dispositions à prendre sont faciles et ont été renforcées par les nouveaux apports  pris  pour donner l’alerte et ouvrir la voie à une intervention rapide. Un numéro vert (1899) fait partie de cette panoplie qui aide cette gent féminine malheureuse à réduire les dommages.

Bien entendu, c’est aux psychologues et au personnel spécialisé de délimiter les dégâts non pas seulement au niveau du couple, mais au niveau des répercussions fatales qu’ont ces agressions, parfois très violentes, dans certains cas, dramatiques avec des séquelles irréparables, du côté des enfants. Dans la rue, la menace est aussi importante. « Je venais juste d’ouvrir la portière de ma voiture et voilà qu’un jeune homme se jette sur moi, m’arrache le collier que je portais. Surprise, j’étais figée. Ce bandit s’enfuit et se dirige vers un de ses camarades qui l’attendait au bout de la rue sur une moto. Ils prirent la fuite. Heureusement que mon collier était du toc. Depuis, j’ai pris la décision de m’adonner à un sport de combat. On nous apprend comment quitter sa voiture, comment mettre et protéger son sac à main, les précautions à prendre et les gestes de défense pour prévenir ce genre d’agression».

Il faut savoir comment

C’est ce que nous a déclaré une jeune dame qui devait avoir la trentaine. Elle évoluait comme une dizaine d’autres sur le tatami. Les unes s’acharnaient sur un sac de sable suspendu, les autres s’engageaient avec une vigueur remarquable sous le  mannequin qui devait peser entre 30 et 40 kilos.

Une jeune dame, noyée dans la sueur qui dégoulinait sur un visage très fin mais très expressif, nous explique : « Parfois, on se retrouve confronté à notre agresseur. Il faut savoir comment et à quel moment réagir car cet instant est extrêmement important. On nous apprend  plusieurs réflexes et gestuels pour éviter les coups. Recevoir un coup, c’est déjà un début de victoire pour l’agresseur qui est encouragé pour poursuivre son agression. C’est au moyen  de  coups simples et efficaces que l’on prévient une éventuelle confrontation. Il ne s’agit pas de démontrer que l’on est le plus fort, mais surtout de prouver à l’agresseur qu’il a intérêt à renoncer à nous attaquer».

Filtrer les adhérents

Mais….ces cours de self-défense ne servent pas seulement ceux qui veulent se défendre. Il y a des femmes et surtout des jeunes filles qui viennent, nourrissant des idées criminelles. C’est ainsi qu’un des responsables de la salle nous a informés que « récemment les unités de sécurité de Sousse ont réussi à arrêter un gang spécialisé dans le braquage dans le quartier de Riyadh. Ce gang est  dirigé par une dame de 37 ans  et sa sœur de 27 ans qui étaient  recherchées par la justice dans des affaires de droit commun. On a retrouvé chez elles une vingtaine de portefeuilles, des téléphones portables et d’autres bricoles ».

Notre interlocuteur poursuivit dans un souffle :

«Il ne s’agit pas d’accepter toutes celles qui veulent apprendre ces techniques d’autodéfense. Il y a une grande responsabilité et nous en sommes conscients ».

Revers de la médaille, dites-vous,  mais l’aspect positif  dépasse de loin ces écarts, car tel que nous l’a assuré un des tenants de ces salles, « nous les repérons rapidement et nous les écartons ».

Laisser un commentaire