Guerre de positionnement au sein d’Ennahdha : Ghannouchi choisit la désescalade !

Rached Ghannouchi évite la nage à contre courant en attendant que les esprits se calment progressivement. Faisant l’objet de contestation et de critiques depuis plusieurs mois au sein même de son parti, il opte pour la désescalade pour éviter tout effritement de son mouvement dans des moments assez délicats.

Si la colère ne cesse de prendre de l’ampleur à Ennahdha, il était indispensable pour Rached Ghannouchi de mettre les points sur les i en s’adressant notamment aux figures nahdhaouies qui mènent la «révolte» et qui s’opposent à son troisième mandat à la tête du parti.

Mais pour ce dernier, les choses sont claires. Annonçant qu’il n’a, pour le moment, aucune intention de briguer un troisième mandat de présidence du parti, ni de se présenter à la prochaine présidentielle de 2024, il a estimé que le conflit interne au sein du mouvement Ennahdha «est tout à fait normal». 

«Au sein du parti, nous avons toujours eu des divergences et des désaccords concernant de multiples sujets. C’est toujours ainsi lorsqu’il s’agit des choix stratégiques. Cela a été le cas lors du consensus établi lors de la rencontre de Paris avec feu Béji Caïd Essebsi et se poursuit avec le choix des alliances actuelles, certains privilégient Attayar et Echaâb et d’autres Al Karama et Qalb Tounès. Mais ce qui me rend triste, c’est la médiatisation de ces divergences, car les affaires internes du parti doivent être traitées au sein de ses structures», a-t-il expliqué.

On comprend ainsi que le «Guide suprême» d’Ennahdha évite la nage à contre courant en attendant que les esprits se calment progressivement. Faisant l’objet de contestation et des critiques depuis plusieurs mois au sein même de son parti, Ghannouchi opte ainsi pour la désescalade pour éviter tout effritement de son mouvement dans des moments assez délicats.

Evoquant d’autres sujets d’ordre public, le président de l’ARP a rappelé que la Tunisie connaît une situation épidémiologique assez délicate, mais reste à même de vaincre le coronavirus. Il a révélé à cet effet que le Parlement a été contre l’ouverture des frontières — le 27 juin — mais il en a été autrement.

Quel rendement du Parlement ?

Malgré les conflits interminables du côté du Bardo, Rached Ghannouchi s’est montré satisfait du rendement du Parlement jusque-là, «en dépit du manque des moyens». «Le budget de l’ARP est déjà restreint, mais nous n’avons pas failli à nos devoirs. Le budget va être réduit de deux points à cause de la crise sanitaire», a-t-il encore précisé.

Abordant les priorités du Parlement, il a affirmé que l’intérêt national en rapport avec le contexte épidémique et économique est à la tête de ses préoccupations. A cet effet, il a appelé à l’accélération de l’installation de la Cour constitutionnelle et la réforme du Code électoral. Il a également proposé de nouvelles législations permettant aux jeunes d’être propriétaires de leurs terres. «L’Etat possède beaucoup de terres domaniales, nous pouvons les donner aux jeunes et leur faciliter les procédures d’investissement», expliquait-il.

Sur un autre plan, Rached Ghannouchi a évoqué les relations qu’il entretient avec le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, affirmant qu’elles sont «cordiales». De même qu’avec le Président de la République, qui  «le rencontre en moyenne une fois par mois». «Nos rencontres sont fructueuses, même si la Tunisie est bâtie sur la séparation des pouvoirs, elle a un seul président», a-t-il affirmé.

Interrogé au sujet des allusions faites par le Chef de la République concernant des « complots dans les chambres noires », Ghannouchi ne s’est pas dit en aucun cas visé. «Je ne me sens pas visé par ces propos. Je n’ai rien à cacher et je n’ai pas de secret», a-t-il expliqué.

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