La Tunisie se lance aujourd’hui dans la monumentale tâche de vacciner plus de 1,5 million de personnes. Outre le personnel médical et paramédical relevant du ministère de la Santé, 666 cadres médicaux et paramédicaux mobilisés par l’institution militaire seront déployés dans 333 centres sur l’ensemble du territoire.
La Tunisie s’apprête aujourd’hui à la tâche monumentale de vacciner plus de 1,5 million de personnes. C’est un défi ! Initialement désignée par journée porte ouverte, elle a changé de nom. C’est désormais «la première journée de vaccination massive». Ordonnée par le Président de la République Kaïs Saïed, l’organisation de cette campagne vise à accélérer le rythme de vaccination de la population tunisienne. Les migrants, demandeurs d’asile et réfugiés sont également concernés.
La campagne cible plutôt les personnes âgées de plus de 40 ans, selon Dr Mustapha Ferjani, directeur général de la santé militaire. Environ 3 millions de personnes âgées de plus de 40 ans n’ont, à ce jour, reçu aucune dose de vaccin. Une partie n’a pu s’inscrire sur la plateforme Evax. «C’est pourquoi cette journée est importante dans le processus de vaccination. C’est un pari à gagner», renchérit Dr Ferjani. L’âge avancé étant le premier facteur de risque, l’ordre de priorité selon l’âge est donc toujours de mise. Les personnes vaccinées auront un deuxième rendez-vous de rappel 21 jours après l’administration de la première dose. «Les institutions de l’Etat sont mobilisées pour faire réussir la campagne», se félicite encore Dr Ferjani.
4 mille doses pour chaque vaccinodrome
Pour les autorités, l’organisation ne doit souffrir aucune faille. Les ministères de l’Intérieur, de la Santé, de la Défense, du Transport et de l’Éducation ainsi que des organisations de la société civile, à l’instar du Croissant-Rouge, des Scouts tunisiens, œuvrent de concert pour assurer le bon déroulement de la journée. Le patronat tunisien, l’Utica, a mis à disposition de la campagne des camions frigorifiques pour l’acheminement des vaccins. Les vaccinateurs seront déployés dans 333 établissements ouverts dans les 24 gouvernorats.
Selon Walid Hajjem, conseiller auprès du Président de la République, 1,5 million de doses de vaccin seront disponibles dans lesdits centres. Chaque vaccinodrome est doté, en moyenne, de 4 mille doses. Le ministère du Transport a affrété des bus qui assurent gratuitement les navettes. Chaque gouverneur a mis en place une cellule de coordination.
La «war room» chargée de remédier aux difficultés
Le vaccin administré est le britannique AstraZeneca. La Tunisie dispose de 2,3 millions de doses de ce vaccin recommandé, de préférence, aux personnes de 40 ans et plus. Outre le personnel médical et paramédical relevant du ministère de la Santé, 666 cadres médicaux et paramédicaux sont mobilisés par l’institution militaire. La salle des opérations chargée de la gestion de la pandémie créée par décret présidentiel, le 29 juillet dernier, dirigée par le directeur général de la santé militaire, assurera la coordination entre les structures intervenantes sur les plans logistique et opérationnel. La «war room» œuvrera à remédier aux difficultés qui risqueraient d’entraver le bon déroulement de cette opération nationale. Des unités mixtes de la police et de l’armée sécurisent les centres de vaccination.
L’institution militaire assure l’acheminement des doses de vaccins. Les vaccins avaient été répartis sur les centres, les journées de vendredi et samedi. La Pharmacie centrale étant le point de départ, les lots ont été acheminés vers les 6 dépôts régionaux, situés à La Soukra, Sousse, Sfax, Médenine, Le Kef et Gafsa. Chaque dépôt régional lui revient d’approvisionner les gouvernorats environnants.
A partir des directions régionales de la santé, les vaccins sont transportés vers les circonscriptions, ensuite vers les lycées et les collèges. « Bien sûr, il y aura des quantités suffisantes au niveau des centres de vaccination. Mais un relais est mis en place dans chaque gouvernorat. Le dépôt dispose d’une quantité résiduelle servant à réapprovisionner les centres en cas de rupture de stock due à un important afflux de personnes», détaille à La Presse Dr. Ines Fradi, directrice générale de la pharmacie et du médicament.
Système de traçabilité de la température pendant le transport
Selon la responsable, les doses sont distribuées en surplus et les conditions de conservation sont rigoureusement observées. Les stocks doivent être conservés dans des températures entre 2°C et 8°C. Pour ce faire, tous les centres de vaccination sont munis de réfrigérateurs. Lors de l’acheminement, des camions frigorifiques sont déployés à chaque fois que c’est nécessaire. Sinon des glacières spéciales dotées d’un système de traçabilité de la température, pendant le transport, sont utilisées pour garantir les conditions requises. «La Pharmacie centrale, les directions régionales ainsi que les pharmaciens des centres de vaccination coordonnent pour s’assurer de la conformité de l’approvisionnement et des conditions du stockage, au niveau des centres, en coordination avec les structures rattachées au ministère de l’Education qui surveillent la température des frigos dans les établissements scolaires convertis en centres de vaccination. Les équipes ont procédé, avec les pharmaciens, à la vérification de la température des frigos. Toutes les vérifications nécessaires sont faites”, assure encore la chargée de la logistique de la campagne nationale de vaccination, Dr Fradi.
Pour éviter l’encombrement dans les centres, les séances de vaccination sont réparties selon l’âge. La prise en charge des personnes de plus de 60 ans se fera entre 7h et 9h du matin. Les sexagénaires et quinquagénaires devront être vaccinés entre 9h et 12 h. Quant aux personnes âgées de 40 à 50 ans, elles pourront accéder à la vaccination à partir de midi. Les centres sont ouverts de 7h à 19h. Des informaticiens volontaires sont présents surplace pour aider les personnes à s’inscrire sur la plateforme Evax. La planification de cette action géante semble quasi parfaite. Quid de la mise en œuvre ? On le saura !
