Impact du stress hydrique | La sécheresse fait payer un lourd tribut à l’agriculture

 

Le déficit pluviométrique a atteint plus de 50%, depuis le début de l’année hydrologique, entraînant un manque de plus d’un milliard de mètres cubes en termes d’apports aux barrages. Une situation inédite qui fait frémir les agriculteurs qui, poussés dans leurs derniers retranchements, s’en remettent au ciel.

La question de l’eau n’a rien de surprenant en Tunisie. Etant un pays semi-aride où le phénomène de l’urbanisation va grandissant, ses ressources hydriques sont fortement menacées. Mais le changement climatique, ce danger rampant qui impacte les écosystèmes et affecte le cycle de l’eau, risque d’aggraver une crise qui pointe. A maintes reprises, les experts ont tiré la sonnette d’alarme quant à la situation hydrique en Tunisie, qui, après quatre années de sécheresse, est devenue critique. Il y a de cela des années, des experts en climat ont établi que la Tunisie sera exposée aux effets du changement climatique. Plusieurs études, simulations et rapports ont été établis. Mais depuis, rien de nouveau sous le soleil.

Une persistance qui inquiète

Les apports pluviométriques, sont, à ce jour, extrêmement faibles. A l’exception des systèmes hydriques de l’extrême nord, les réserves des barrages sont à leur plus bas niveau. Selon les récentes données du ministère de l’Agriculture, le taux de remplissage des barrages n’a pas dépassé les 31,1%. Le déficit pluviométrique a atteint plus de 50% depuis le début de l’année hydrologique, entraînant un manque de plus d’un milliard de mètres cubes en termes d’apports aux barrages. Une situation inédite qui fait frémir les agriculteurs qui, poussés dans leurs derniers retranchements, s’en remettent au ciel. En cas de sécheresse, la priorité est accordée à l’eau potable, ensuite aux grandes cultures et à l’irrigation des arbres fruitiers, puisqu’il s’agit, avant tout, de préserver la sécurité alimentaire et le patrimoine agricole. Car, les cultures céréalières, et celles pluviales d’une manière générale, sont fortement exposées aux aléas climatiques.

La succession des épisodes de sécheresse pourrait, donc, mettre à rude épreuve les exploitations agricoles. En effet, l’impact de la pénurie d’eau peut même prendre une ampleur catastrophique et les conséquences sur le secteur agricole peuvent être désastreuses. Si on sait que 28% des terres cultivées (4,2 millions d’hectares) sont dédiées aux cultures céréalières, 55% à l’arboriculture et 11% aux cultures fourragères, on peut facilement estimer les effets directs du déficit pluviométrique sur l’activité agricole. “La sécheresse réduit les réserves d’eau au niveau des barrages, ce qui pousse l’Etat à adopter une politique de rationalisation de l’eau tout en accordant la priorité au secteur de l’eau potable plutôt que la culture irriguée, ce qui provoque automatiquement une baisse de la production locale dans plusieurs produits de base, tels que les céréales, les légumes et les fruits.

Pour remédier à cette pénurie, l’Etat est obligé de combler ses besoins en recourant à l’importation, ce qui impactera ses réserves en devises”, explique l’expert économique Ridha Chkoundali qui a affirmé dans une interview accordée à l’agence TAP que le stress hydrique peut coûter entre 0,3 et 0,4 point de croissance en 2023. D’ailleurs, dans un communiqué datant du 22 mars dernier, la Banque centrale a affirmé que la persistance du stress hydrique figure parmi les facteurs internes dont sont tributaires les perspectives de l’activité pour 2023.

Des estimations en baisse

Selon les estimations du Syndicat national des agriculteurs (Synagri), la récolte céréalière ne dépassera pas les 4 millions de quintaux, soit l’équivalent de 12,5% des besoins de la Tunisie. De son côté, les prévisions de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap) sont encore revues à la baisse. Le membre du bureau exécutif de l’organisation syndicale, Mohamed Rjaibia, a déclaré que la récolte céréalière devrait atteindre environ 2,5 millions de quintaux, contre 7,4 millions de quintaux au cours de l’année dernière. La revue à la baisse des estimations préliminaires de la récolte, qui étaient de l’ordre de 3,4 millions de quintaux, intervient suite à la hausse des températures enregistrée fin mars. Il a ajouté que les sites de production de Tunis, Béja, Jendouba et la zone irriguée de Kairouan ont été impactés à cause du manque de pluie et de la hausse des températures. Cette baisse de la production sera, automatiquement, traduite par un creusement du déficit de la balance commerciale, au moment où la Tunisie peine à freiner l’érosion les réserves en devises.

Laisser un commentaire