Guerre à Gaza sous le prisme des médias occidentaux Une guerre voulue sans images et un génocide sans témoins

• Les médias occidentaux ne voient que d’un œil, ils ne perçoivent qu’un seul côté de cette guerre, un seul angle, se limitant à un seul point de vue, unilatéral, sans contradiction notable.
• L’empathie est ressentie et exprimée par la grande majorité des peuples du monde envers les Palestiniens.
• Le « droit de se défendre » concédé à l’occupant et dénié aux Palestiniens qui vivent sous l’agression et l’oppression coloniale depuis 75 ans.

Les chaînes occidentales évitent, pour la plupart, de diffuser les horribles images et scènes de destruction massive causées par les bombardements quotidiens et ininterrompus, de plus en plus violents, perpétrés, depuis trois semaines, par l’armée de l’entité sioniste sur la Bande de Gaza. Ces séquences atroces de feu, de carnage et d’apocalypse, où on voit des quartiers entièrement rasés, des bâtiments effondrés, des enfants ensevelis dans leur blanc linceul, des parents éplorés et dévastés, des blessés extirpés des décombres et d’autres en sang gisant à même le sol dans des hôpitaux débordés et plongés dans l’obscurité, nous parviennent par le biais de chaînes satellitaires arabes et des réseaux sociaux.  Ces séquences tragiques et bouleversantes sont pratiquement ignorées par ces médias qui ne distillent que quelques clichés de bâtiments détruits. Est-ce pour occulter l’indicible et l’effroyable qui pourraient émouvoir et impacter l’opinion publique occidentale et éveiller, ainsi, les consciences ? Beaucoup le pensent.

Il est vrai que tous ces morts en martyrs, tous ces disparus et tous ces blessés Gazaouis sont considérés, selon plusieurs intervenants dans ces médias, entre acteurs politiques et journalistes et chroniqueurs ainsi que par l’occupant sioniste, comme « des dommages collatéraux ».

Ce sont donc, selon cette logique, des civils touchés accidentellement. Or on constate, vu le nombre énorme et démesuré de morts et de blessés palestiniens, que ces civils innocents et isolés sont en fait, ciblés et visés délibérément « dans un but de vengeance », comme l’a affirmé, endeuillé et éploré, Wael el Dahdouh, correspondant de la chaîne El Jazeera à Gaza, qui a perdu sa femme et ses deux enfants ainsi que plusieurs autres membres de sa famille, à la suite d’un raid aérien ayant frappé sa demeure.

Mais les familles de journalistes ne sont pas les seules cibles de l’armée de l’occupant, ce sont, également et surtout, les correspondants palestiniens de plusieurs médias et sites arabes qui le sont.

Aussi, 23 journalistes ont-ils été tués et 8 autres blessés dans le seul but de les faire taire et de les empêcher de documenter les faits dramatiques générés par les bombardements de l’armée sioniste. A preuve, la nuit du 27 au 28 octobre et afin, entre autres, d’empêcher de documenter les atrocités de ses bombardements sur Gaza, l’entité sioniste a coupé l’enclave du monde extérieur en la plongeant dans le noir, la privant d’électricité, de télécommunications et d’internet. Une guerre sans images, un nettoyage ethnique et un génocide sans témoins.

Pourtant, malgré ce carnage génocidaire causant, jusqu’ici, la mort de 8.005 martyrs dont 3.342 enfants, 1.863 femmes et 101 membres du personnel médical, malgré les 20.000 blessés et les 1.500 disparus sous les décombres, les 38 membres tués de l’Unraw, malgré les 1,2 million de Gazaouis déplacés, malgré les destructions d’une bonne partie de l’infrastructure de l’enclave, entre des milliers de bâtiments et de logements, des écoles, mosquées, églises, outre les 51 établissements médicaux, les médias d’Occident ne voient que d’un seul œil, ils ne perçoivent qu’un seul côté de cette guerre, un seul angle, se limitant à un seul point de vue, unilatéral, sans contradiction notable.

La pensée unique

Ainsi, l’éditorialiste de la chaîne LCI n’a pas hésité à parler, lors d’un débat sur l’opération « Déluge d’El Aqsa », de« bébés décapités, égorgés et violés » (sic). Des images que personne n’a vues, même pas le président Joe Biden, dont l’affirmation selon laquelle « des terroristes décapitent des enfants en Israël » a été recadrée par deux fonctionnaires de la Maison-Blanche, ayant expliqué que « les déclarations du président américain étaient basées sur des rapports médiatiques et des affirmations de responsables israéliens ». Mais, malgré tout, cette affirmation non confirmée, une infox en fait, a été reprise, depuis, par plusieurs acteurs politiques, chroniqueurs et journalistes sur les plateaux de plusieurs chaînes occidentales.

Et, comble de l’ironie, cet éditorialiste en rajoute une couche en déplorant « le traitement de deux poids, deux mesures que subit Israël », en raison de l’empathie ressentie par la grande majorité des peuples du monde envers les Palestiniens à cause de l’enfer des frappes intensives qu’ils subissent. Ces peuples ont été, en fait, choqués par le pilonnage sauvage et incessant de civils isolés et outrés par tant de barbarie et d’inhumanité. 

Voilà comment certains médias occidentaux manipulent, en toute partialité, toute honte bue, l’opinion publique en fustigeant « l’horreur » d’un côté et en la zappant et en l’excusant de l’autre, sous le prétexte « du droit de se défendre » concédé à l’occupant et dénié aux Palestiniens, qui vivent sous l’agression et l’oppression coloniale depuis 75 ans. Mais ces débatteurs ne se soucient guère du contexte historique de l’occupation et évitent de se focaliser sur la colonisation, l’injustice et la coercition qu’endure, dans la souffrance et la douleur, le peuple palestinien. Les Gazaouis, outre qu’ils subissent, actuellement, un pogrom, vivent, eux, depuis 15 ans, une situation carcérale dans une prison à ciel ouvert.

Au contraire, certains journalistes n’ont pour souci que de poser à leurs invités la fameuse question qui, soi-disant, tue: « Condamnez-vous le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre ? ». Une sorte d’intimidation de l’interlocuteur afin d’empêcher tout débat de fond pour se limiter à la forme.

Drôles de médias à l’éthique fluctuante et à géométrie variable !

Et c’est dans cette optique que d’un débat à l’autre fusent des éléments de langage, façon slogan, ressassé à l’envi soit par les chroniqueurs, soit par les invités aux penchants clairs et nets : « C’est un autre pogrom contre les Israéliens»,« Israël a le droit de se défendre », « Hamas se sert des enfants comme bouclier humain »,« Les Palestiniens n’ont jamais voulu faire la paix », « Hamas ne veut pas la paix, mais la destruction d’Israël », « c’est une guerre de civilisation ou/et de religion et de démocratie »,« c’est de l’antisémitisme », et c’est affirmé même par des journalistes qui ignorent que les Arabes sont, également, des Sémites, « Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient », « l’armée d’Israël est morale, elle fait tout son possible pour ménager les civils» (resic). Voilà un narratif « pro-israélien » passe-partout empêchant toute analyse sérieuse et instructive.

Dans ces débats, la contradiction est soit entièrement absente, soit inaudible et quand l’un des invités tente d’aller au fond des choses en notant, par exemple, « qu’il ne s’agit aucunement d’une guerre de civilisation ou de religion, mais d’une lutte légitime contre l’occupation et l’injustice », on a vite fait de lui couper la parole soit en recadrant rapidement ses propos, soit en déroutant le cours du débat. L’important étant de distiller ces éléments de langage afin de conditionner les esprits et de manipuler les opinions. Mais, pour un minimum d’objectivité et d’équilibre, il faudra repasser. Drôles de médias à l’éthique fluctuante et à géométrie variable !

Et les exemples de manipulation, où des faits sont occultés pour focaliser   d’autres qui servent les orientations politiques, idéologiques et autres de ces médias, sont légion. A preuve, plusieurs n’ont pas hésité à zapper, puis occulter entièrement une bonne partie de la déclaration en direct de Yocheved Lifshitz, l’une des prisonnières libérées par le Hamas, où elle avoue avoir été «bien traitée lors de sa détention ».

Ce qui a suscité l’ire de l’entité sioniste enragée d’avoir perdu une occasion de diaboliser davantage les combattants du Hamas. Stupéfait, l’un des correspondants d’une chaîne française n’a trouvé pour toute explication que «le syndrome de Stockholm » jetant, ainsi, le doute sur les dires de la prisonnière libérée.

Voilà qui nous amène à constater qu’à l’heure des empires médiatiques, on est de plus en plus confrontés à des médias d’opinion et non d’information, où on standardise et oriente les idées, où on fabrique des images, tel le faux reportage de CNN à Gaza, et où on façonne les opinions afin que triomphe la pensée unique.

Les partis pris idéologiques et politiques et la propagande priment, désormais, sur l’information, l’indépendance éditoriale, la transparence, l’intégrité intellectuelle et l’éthique. Mais ces groupes médiatiques de propagande ne sont pas une fatalité, car, fort heureusement, pour avoir un son de cloche différent, d’autres points de vue et d’autres facettes de la vérité, il existe plusieurs alternatives tels les médias indépendants, les médias citoyens, les sites web et autres plateformes sur les réseaux sociaux permettant de diversifier les sources d’information et de se former une opinion équilibrée.

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