Ils ont dit

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Rym Haddaoui, ingénieur de l’Agence de promotion des investissements agricoles

«Le taux d’investissement dans le secteur agricole est modeste, voire faible, car il ne dépasse pas 1% de la valeur du total des investissements approuvés annuellement. Le manque d’information des investisseurs et la complexité des procédures administratives dans le secteur agricole sont parmi les principales causes de la diminution des taux d’investissement dans ce domaine. L’Agence de promotion des investissements agricoles reconnaît cette complexité, c’est pourquoi elle prévoit d’organiser des sessions visant à améliorer et à développer le climat d’investissement. Les résidents à l’étranger investissant dans le secteur agricole bénéficient d’un régime fiscal différencié, se traduisant par une exemption des droits et droits de douane lors de l’importation de produits agricoles et d’équipements mobiles».

Mounir Kherbi, directeur général de l’Office des Tunisiens à l’étranger

«Les transferts de fonds des Tunisiens de l’étranger se sont élevés à 7 milliards de dinars à fin octobre 2023, ce qui a contribué à couvrir 65% de la dette extérieure. En effet, ces fonds représentent la première source de devises.Les investissements des Tunisiens à l’étranger pour l’année 2022 se sont élevés à 1.504 projets avec des fonds allant jusqu’à 133 millions de dinars. Le nombre des Tunisiens à l’étranger est de 1.838.000. Les transferts de l’épargne tunisienne à l’étranger se sont élevés à 9.468,4 millions de dinars au cours de l’année 2022, contre 8.617,8 millions de dinars au cours de l’année 2021, soit un taux de croissance d’environ 9,9%. La loi de finances de 2024 a introduit une exemption de taxes pour les Tunisiens résidant à l’étranger lors de l’importation d’une deuxième voiture après une période de 10 ans. Il existe une plateforme dédiée aux Tunisiens de l’étranger, qui sera activée prochainement».

Hichem Ajbouni, membre du bureau exécutif d’Attayar démocratique

«Les recettes fiscales sont passées de 12,6 milliards de dinars en 2011 à 44 milliards de dinars en 2024, soit une multiplication par 3,5. Les dépenses salariales sont, quant à elles, passées de 7,3 milliards de dinars en 2011, à 23,7 milliards dinars en 2024. Le paradoxe reste la dégringolade du pouvoir d’achat. Pour ce qui est des dépenses d’interventions, incluant les dépenses relatives à la subvention, elles sont passées de 2,3 milliards de dinars en 2011 à 19,7 milliards de dinars en 2024.

La charge financière relative aux crédits est passée de 1,2 milliard de dinars en 2011, à  6,8 milliards de dinars en 2022, alors que les dépenses de croissance ont atteint 4,1 milliards de dinars (26% de la totalité des dépenses) à 5,3 milliards de dinars (6,8 de la totalité des dépenses). L’encours des crédits a augmenté d’une manière pharaonique, passant de 23,8 milliards de dinars en 2011, à 140 milliards de dinars en 2022. Quant au taux de la pression fiscale, il est passé de moins de 20% en 2011, à 25,1% en 2022. Résultat des courses, une croissance quasi-nulle et un climat où le fisc a fini par prendre le dessus sur l’économie. C’est une erreur méthodologique. Le problème c’est que nous comptons toujours sur une approche fiscale pour améliorer la situation économique.

Il faut passer du contrôle à priori au contrôle à postériori afin de libérer les fonctionnaires qui ont désormais peur de l’article 96, accélérer la réalisation des projets. L’objectif est que l’administration ne devienne plus un facteur bloquant pour les investisseurs. Il est impératif de résoudre un point structurel essentiel : le pays est actuellement dans une impasse. J’estime qu’il faut mettre davantage l’accent sur l’aspect économique plutôt que sur l’aspect fiscal, car c’est l’activité économique qui engendrera les recettes fiscales».

Maher Ben Aissa, vice-président de la Chambre nationale syndicale des sociétés de commerce international

«La nouvelle stratégie tunisienne d’exportation sera mise en place à l’horizon de 2035. Le ministère du Commerce a demandé au Centre du commerce international de Genève de l’aider pour l’élaboration d’une vision globale des exportations tunisienne. Ce recours à une nouvelle stratégie d’exportation émane des changements enregistrés à l’échelle mondiale après le Covid et la guerre d’Ukraine. Il faut beaucoup de travail et une étude approfondie de la situation en Tunisie, son économie, sa machine exportatrice, ses produits, son industrie et son agriculture. Les exportations tunisiennes sont destinées, depuis les années 70, en premier lieu à l’Europe, qui en accapare 72%. Sur 3 exportations, deux sont issues des entreprises offshores destinées à l’export. Il est impératif de garder la destination Europe pour nos exportations, mais il existe également de nouveaux marchés et une concurrence rude sur le marché africain, considéré comme le marché de l’avenir, d’où la nécessité de mettre en place une nouvelle stratégie pour booster les exportations tunisiennes.L’élaboration de cette nouvelle stratégie impliquera toutes les parties prenantes dans tous les secteurs concernés et tous les exportateurs. Il faut également appliquer le partenaire (ITC), qui a réalisé la stratégie exportatrice de l’Algérie et la Côte d’Ivoire. L’ITC dispose de 15 mois pour communiquer sa vision de la stratégie tunisienne.

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