« Un cimetière à ciel ouvert »

Editorial La Presse

 

LA tartufferie de Netanyahu à laquelle le monde entier assiste ces jours-ci est inquiétante, elle démontre une fois de plus que sa politique belliqueuse associant la ruse à la supercherie n’a pas changé d’un pouce et…atteint la limite de l’horreur.

On l’a dit dans nos colonnes, Benjamin Netanyahu et son gouvernement n’ont qu’une idée en tête : exterminer le plus possible de population dans Gaza. Et pour arriver à leurs fins, ils n’usent que du langage des armes.

La communauté internationale, outrée par ses exactions, lui a demandé à l’occasion de l’arrivée du mois de Ramadan un cessez- le -feu de six semaines, il fait la sourde oreille. Biden condamne ses actes inhumains, se désolidarise de la politique actuelle d’Israël d’extermination et somme Netanyahu de mettre fin à l’affamement des populations de Rafah.  Ce dernier, malgré cette pression forte, a annoncé, dimanche 17 mars, qu’il poursuivrait l’offensive militaire contre le Hamas à Rafah qui, on le sait, est l’ultime refuge pour plus d’un million de Palestiniens.

Et, comme prévu, joignant l’acte à la parole, le lendemain lundi, l’armée israélienne demande à la population civile d’évacuer la zone de l’hôpital Al-Shifa de Gaza pour y mener une « opération ciblée » dans les quartiers environnants, entendez par cette expression, ratissages et arrestations arbitraires.

Inévitablement, l’attaque de l’hôpital Al Shifa a eu lieu, les bombardements ont commencé, les tirs de chars, les coupures d’électricité, des réseaux téléphoniques et d’Internet, les attaques contre des écoles, les équipements hospitaliers débranchés, des malades en réanimation dont les machines ont été arrêtées, des bébés, des médecins, des infirmiers, des secouristes et des ambulanciers empêchés de secourir ; des femmes, des enfants errants et des morts. Scènes macabres, sinistres qui ont inspiré le chef de la diplomatie européenne, Joseph Borrel, qui a changé la formule jusque-là adoptée « Gaza est une prison à ciel ouvert » par«Gaza est un cimetière à ciel ouvert », belle trouvaille pour décrire l’impuissance et la désolation des civils gazaouis au milieu de ce monde dont ils ne voient plus que les douleurs des flammes. Cela donne froid dans le dos et fait mal au cœur. L’ONG caritative Oxfam estime que les habitants de Gaza mourront massivement de maladies et de famine et que le bilan risque de dépasser largement les 31mille 819 victimes civiles actuelles de la guerre.

Que dit l’armée israélienne pour légitimer cette hécatombe de Rafah ? Ses communiqués parlent d’une attaque contre des dirigeants du Hamas et contre des combattants armés. Les responsables israéliens, principalement le Premier ministre, semblent insensibles à la situation. Ils accusent le Hamas d’être à l’origine de cette crise. Cela ne mérite pas de commentaires.

De son côté, Joe Biden, apparemment soucieux, rappelle qu’une offensive terrestre à Rafah est une erreur. Il somme Netanyahu d’envoyer une délégation israélienne à Washington pour discuter de ce sujet. Son Secrétaire d’Etat, Antony Blinken, va se rendre à Jeddah et au Caire pour rencontrer les dirigeants saoudiens et égyptiens «  afin de discuter des moyens de parvenir à un accord de cessez-le-feu immédiat ; il déclare en passant que 100% de la population de Gaza est en insécurité alimentaire.

Netanyahu ne prête pas d’oreille à toutes ces déclarations. On le répète, lui, il avait décidé et déclaré depuis longtemps d’envahir Rafah. Fidèle à sa parole et en dépit de tous les appels, il rejette les pressions exercées par les institutions internationales sur son pays pour arrêter la guerre, proclamant haut et fort que l’invasion terrestre de Rafah aura bien lieu.

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