Edité par le Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes: Le verre voyageur…

1,513

Rares sont ceux qui, mieux que Mounir Hentati, connaissent les mille et un secrets du Palais D’Erlanger. Quelque vingt années de fréquentation assidue et passionnée, curieuse et érudite, l’ont fait découvrir, étudier, archiver l’histoire du Palais, de ses habitants, les collections qu’ils ont réunies et les multiples expressions d’un art et d’un artisanat portés au summum de la sophistication.

Un premier ouvrage fut consacré à l’ensemble de ces collections, remarquable par sa documentation et ses analyses. Puis un projet avait été suggéré : décliner une collection qui consacrerait un livre à chacune de ces formes d’expression.

Un premier ouvrage vient de paraître : «Le verre voyageur», édité par le Centre des musiques arabes et méditerranéennes, consacré à la collection de verreries ottomanes du palais Ennejma Ezzahra.

On se souvient qu’une exposition de ces verreries avait été organisée, permettant à un public passionné de découvrir—trop rapidement hélas—des trésors généralement confinés au fond de mystérieuses armoires.

A tout seigneur tout honneur : c’est par le verre, et particulièrement la collection de Beykoz, le plus important ensemble d’objets que recèle le palais, que commence ce qui, nous l’espérons, deviendra une série.

Les verreries de Beykoz ont une brève et fulgurante histoire. Quand bien même l’industrie du verre existait déjà au XVIe siècle, ce n’est  qu’au XIXe siècle qu’un derviche du nom de Mehmed Dede lui donna un réel développement. Envoyé en Italie par le sultan réformateur Selim III, il étudia les différentes techniques du verre à Murano. Et si au début, la production de Beykoz ressemblait à celle de Venise, elle ne tarda pas à acquérir une spécificité propre à Istambul.

Mounir Hentati ne se contente pas de conter l’histoire du verre. Il en décline les techniques, les spécificités, les usages…

C’est ainsi que l’on apprend que le « lokumluk » n’est pas une simple bonbonnière, mais est consacré au loukoum. Cependant que le « kase » est un bol spécifique au yoghourt. Le «bozalik», quant à lui, était consacré… à la bouza.

Dans cette collection de quelque 70 objets, essentiellement composée de pièces en verre soufflé, taillé, doré, on retrouve tous les motifs de l’iconographie classique de Beykoz : cœurs, feuilles de persil, roses, œillets, tulipes…

Quant à l’histoire de cette collection, où, comment et par qui ces objets ont été acquis, quelles sont les circonstances de ces acquisitions, cela demeure, pour la plus grande part, une histoire de famille. Quel était le collectionneur passionné ? Le baron ? Son épouse italienne ?

Quelques inventaires incomplets, des on dits, des témoignages de visiteurs ne lèvent pas le voile sur ce qui restera un mystère et ne fait qu’ajouter une aura à la collection.

En attendant le prochain opuscule qui sera consacré à une autre collection du palais : probablement les tissages dont on recense un magnifique ensemble.

Laisser un commentaire