Impact des années sèches sur l’agriculture

Suite à l’octroi de faibles quantités d’eau pour l’irrigation, les trois années de sécheresse (2016-17-18) ont eu des conséquences néfastes sur le rabattement et la salinité des nappes et sur la gestion des Groupements de développement agricole (GDA).

A cause des faibles réserves d’eau dans les barrages et principalement Sidi Salem, les autorités compétentes du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche ont adopté une approche qui consiste à limiter au maximum, voire interdire l’irrigation des cultures annuelles (maraîchères, industrielles, céréales,…) et ne fournir qu’aux alentours de 25% des besoins en eau des cultures arboricoles dans les périmètres irrigués à partir de ce barrage. L’objectif principal était la sauvegarde des vergers arboricoles.
Comme mesure d’accompagnement à cette décision, les directions techniques du ministère, en collaboration avec les institutions de recherche et d’enseignement supérieur agricoles et les centres techniques spécialisés, ont élaboré des paquets technologiques spécifiant les modes de conduite des arbres fruitiers en condition de restriction de l’eau d’irrigation. Ces documents ont été transmis aux services spécialisés des Commissariats régionaux au développement agricole (Crda) concernés.
Bien que des conclusions précises, concernant les rendements obtenus, les quantités d’eau utilisées, les techniques de conduite adoptées par le producteur, nécessitent de pousser l’étude jusqu’au cas par cas. Les données fournies par le ministère de l’Agriculture, durant les trois années touchées par le rationnement, confirment que les niveaux de production enregistrés ont été équivalents à ceux réalisés durant la période d’avant-rationnement. Il est important de signaler que pour certaines cultures, les agrumes par exemple, des records de production jamais réalisés ont été obtenus (560 mille tonnes en 2016/2017).
Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Les agriculteurs ont cherché des compléments d’eau d’irrigation à partir d’autres sources disponibles (puits de surface, sondage, …). Ils ont réussi à appliquer des techniques culturales préconisées pour les conditions de restriction de l’eau d’irrigation (taille, éclaircissage, protection phytosanitaire,…). Ils ont, également, investi dans la réparation des fuites dans tout le réseau d’irrigation et adopté des approches de pilotage des irrigations, tenant compte des conditions climatiques et des stades phénologiques de la culture. Cette dernière mesure a permis de donner juste les besoins en eau réels de la culture.
Ainsi, malgré les niveaux de production réalisés et le savoir-faire acquis sur le plan conduite des cultures dans les conditions de restriction de l’eau d’irrigation, l’approche adoptée (qui consiste à interdire la mise en place ou l’irrigation des cultures annuelles et à ne fournir qu’aux alentours de 25% des besoins des cultures arboricoles) est jugée très sévère par les producteurs. Pour éviter de se trouver dans des situations semblables, dans le futur et dans le but de pérenniser les périmètres irrigués, et après des décennies de gestion de l’eau d’irrigation par la politique de l’offre, une réforme hydrique, basée sur la gestion de la demande, devra être mise à l’œuvre.

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