L’IA dans le domaine de l’assurance:  Une inévitable transformation

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Dans le domaine de l’assurance, l’intelligence artificielle peut être une alliée de choix pour les assureurs. Grâce à l’énorme quantité de données dont ils disposent, elle peut les aider à améliorer la gestion de risque et donc la prise de décision. Elle peut également être un outil redoutable de la lutte contre la fraude à l’assurance. Mais toute médaille a son revers: le recours à l’IA impose des défis importants en matière, notamment, de protection de données personnelles et de cybersécurité.

“L’industrie de l’assurance et les défis de l’intelligence artificielle”, était le thème choisi pour le 17e Rendez-vous de Carthage de l’assurance et la réassurance qui s’est tenu, du 19 au 22 mai à Tunis. Le choix de cette thématique s’explique, selon les organisateurs, par l’importance du rôle que peut jouer cette nouvelle technologie dans l’optimisation des services offerts par les compagnies d’assurance ainsi que dans l’amélioration de la performance de cette industrie d’une manière générale.

Cet événement annuel a permis, en effet, de rassembler les principaux acteurs du secteur de l’assurance et de la réassurance en Tunisie et en Afrique en vue de réfléchir aux enjeux liés à l’introduction de l’IA dans un domaine qui tourne à grand renfort de données. Cette technologie disruptive est inévitable, mais doit être utilisée à bon escient, insiste-t-on.

Un outil de prévision

S’exprimant à cette occasion, Zouhair Attallah, chef de cabinet de la ministre des Finances, a souligné, dans une déclaration aux médias, que le ministère des Finances accorde une attention particulière au secteur de l’assurance, puisqu’il s’agit d’une composante essentielle qui appuie l’économie nationale, notamment dans une conjoncture marquée par l’accentuation des risques liés aux tensions géopolitiques ainsi qu’aux effets des changements climatiques. Il a précisé, à cet égard, que l’Intelligence artificielle constitue un outil fondamental qui permet de prédire non seulement les risques relatifs à l’activité économique, mais aussi de prévenir les fraudes à l’assurance, un fléau qui ne cesse de prendre de l’ampleur. “Si l’intelligence artificielle peut être utilisée pour renforcer le secteur de l’assurance, elle est toutefois, une arme à double tranchant. Elle peut avoir un impact négatif non seulement sur le secteur de l’assurance, mais aussi sur tous les secteurs financiers et non financiers, et ce, en raison du danger que font planer les attaques cybernétiques, un des principaux défis auxquels sont confrontés les gouvernements et les entreprises de par le monde”, a-t-il ajouté.

Un secteur à l’épreuve des changements technologiques

Il a, en outre, souligné que cette rencontre représente une occasion pour débattre des moyens de se préparer à ces changements que l’IA est en mesure de provoquer et de se protéger contre les éventuelles attaques. “Malgré ces dangers, l’intelligence artificielle apporte des avantages considérables. C’est pourquoi il est important d’étudier les expériences menées à travers le monde. Il est vrai que pour le secteur de l’assurance en Tunisie, cette nouvelle technologie commence à peine à émerger. Il est, en ce sens, important de faire appel aux compétences reconnues à l’échelle internationale dans ce domaine, et ce, afin que le secteur de l’assurance puisse, à la fois, protéger les entreprises et les personnes tout en étant ouvert sur tous les acteurs”, a-t-il poursuivi.

Evoquant la réforme du code de l’assurance actuellement en cours, le responsable a affirmé que le ministère travaille de concert avec la Ftusa sur plusieurs chantiers, notamment l’amendement des réglementations relatives à l’assurance automobile ou encore l’assurance maladie. Le nouveau code devra, selon ses dires, prendre en considération ces évolutions technologiques et les menaces qu’elles font peser.

Les avantages de l’IA dans l’industrie de l’assurance

De son côté Hassan Fkih, président de la Ftusa, a souligné qu’étant une industrie utilisant principalement la data, le secteur de l’assurance peut recourir à l’intelligence artificielle pour améliorer sa performance. “En matière de marketing des offres d’assurance, les nouvelles technologies peuvent être d’une aide précieuse. On peut faire des vidéos, des présentations et même écrire des textes avec des IA telles que ChatGpt, Gemini, etc.”, fait-il remarquer. Mais là où l’utilisation de l’IA peut s’avérer le plus intéressante, c’est dans la lutte contre la fraude à l’assurance, a-t-il ajouté. “Les assureurs en Tunisie disposent d’énormément de données relatives aux accidents, aux assurés etc. L’IA peut être un outil redoutable d’une lutte efficace contre la fraude. Elle peut être également utilisée dans le traitement des réclamations, et ce, grâce à des chatbots auprès desquels le client peut se renseigner”, a-t-il indiqué. Il a ajouté que plusieurs expériences ont déjà démarré dans le secteur de l’assurance en Tunisie, affirmant qu’ “on est encore en phase d’apprentissage”. L’objectif, selon ses dires, est d’améliorer les process afin d’offrir un meilleur service au client.

S’agissant des risques inhérents à l’utilisation de l’IA, Fkih a affirmé que la protection des données personnelles est une priorité pour les assureurs. Il a, en ce sens, ajouté que le secteur s’est doté d’un guide de protection des données personnelles, une charte à laquelle tous les responsables des compagnies d’assurance se sont engagés. Elle identifie et fixe les procédures à respecter lors de l’utilisation des données personnelles des clients. Lors des débats qui ont suivi la séance inaugurale, les intervenants ont souligné l’importance de l’IA, en tant qu’outil d’optimisation des activités des assureurs. En aidant les compagnies d’assurance à faire le profiling des clients, l’IA peut en effet contribuer à améliorer l’évaluation et la gestion des risques et ajuster la prise de décision qui sont basées sur des informations statistiques et financières.

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