L’invité du lundi : Lotfi Laâroussi–milieu de l’EST des années 70 et 80 : «Le football coule dans mes veines»

Sentinelle émérite de l’Espérance Sportive de Tunis des années 70 et 80,  Lotfi Laâroussi a aussi brillé par sa
rigueur, sa force tranquille et sa longévité au plus haut niveau durant 14 ans. Champion de Tunisie à maintes reprises, particulièrement en 1976 où son apport fut incommensurable, ce vainqueur  de la Coupe de Tunisie en 1980 a bien voulu se replonger dans le passé mais aussi aborder le présent de son club de cœur, une institution qui occupe une place centrale dans sa vie.

S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de votre parcours, ce serait…
« L’un des moments mémorables de ma carrière aura été cette cinquième Coupe de Tunisie glanée en 1980.
C’est gravé dans ma mémoire. Nous sommes venus à bout du Club Africain (2-0). Abdelmajid Goubantini et Hassan Feddou sont passés par là. Je me rappelle que notre timonier Mokhtar Tlili était transporté et euphorique.
L’alchimie entre toutes les composantes de l’EST était totale, sans omettre de signaler que le groupe était vertueux avec les  Kamel Karia, Abdelhamid Kanzari, Khaled Ben Yahia, Mohamed Ben Mahmoud, Temime, Lotfi Laâroussi, Abdelmajid Goubantini et Adel Latrach».

 

La magie du derby n’a donc pas d’équivalent
« Un derby est ce qu’il y a de plus magique pour un joueur. C’est le match de l’année, l’opposition qu’il ne faut pas manquer. J’en garde de bons souvenirs. Mais il y a eu aussi des moments moins joyeux que ce soit lors des derbys ou lors des classicos. Les grands formats de la saison, c’est ce qui concentre l’attention. Le temps s’arrête, on ne pense qu’à ça. Tout est figé durant l’attente fébrile, les trois coups, puis la vérité du terrain. Oui, le football, le vrai, est l’opium du peuple. Vous savez, le sport roi d’antan, particulièrement celui de l’année 76, était celui du spectacle, de la technique raffinée et du beau jeu.
Les solistes et artistes régalaient l’assistance.
Cette année-là, nous avions été sacrés champions de Tunisie. Je m’en souviens comme si c’était hier».

L’apogée de Lotfi Lâaroussi
« Je crois que c’était en 1980. De mémoire, je crois que ce fut le meilleur match que j’ai disputé face au  club de Bab Jedid. Le Club Africain était sacré champion. Mais le derby a été abordé avec excès de confiance de la part de l’adversaire. Ce qui fut fatal pour le CA. Vous savez, le derby ne répond à aucune logique. Le favori mord souvent la poussière face à l’outsider. C’est toujours indécis et tout pronostic est interdit. Ce match où il faut en découdre pour la suprématie reflète l’image de notre sport-roi. Nous devons être irréprochables sur tous les plans et surtout volet esprit sportif. Autre moment gravé dans ma mémoire, le duel face au Stade Tunisien en 1975. Je signe le but décisif en Coupe de Tunisie suite à un corner de Temime et une remise de Jelassi. J’ai armé ma frappe en première intention. Le grand Abdallah était battu. On gagne et les fans ont alors trouvé la fameuse formule «Laâroussi hrak El Baklawa».

Quels types de relations entre adversaires à cette époque ?
« Des relations séculaires à tous les niveaux. Nous nous soutenons et nous nous aidons mutuellement. Je compte des amis de longue date, des frères à l’instar de Ridha Boushih, Moncef Chargui et j’en passe. Vous savez, les liens qui se tissent grâce au football sont précieux, sans équivalent. Ils jalonnent votre vie et votre existence durant votre carrière, et surtout après avoir raccroché les crampons. Volet Espérance, il est pour moi inimaginable de m’éloigner de cette institution centenaire. Le football coule dans mes veines et l’EST est ma famille. De génération en génération, au fil du temps, on développe son cercle d’amis et on vit de nouvelles expériences. A titre d’exemple,  j’ai été intronisé accompagnateur de l’équipe seniors de football de l’EST par Hamdi Meddeb en 2009.
C’était insolite de veiller sur les destinés de Khalil Chammam après avoir évolué avec son père, Abdesslam Chammam. J’ai aussi joué face à Mondher M’sakni et j’ai encadré son fils Youssef Msakni. Le football est une histoire sans fin».

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