Contrepoint | Dhikra, de plus près…

On a commémoré Dhikra Mohamed le samedi 28 novembre.

L’occasion : rien de particulier, «rien qui pressait». Le 17e anniversaire de sa mort tragique en 2003.

La raison : on ne sait au juste.

La nostalgie s’est peut-être emparée de tout le monde. Animateurs et chroniqueurs en premier. Mais de quelle inhabituelle façon, avec quel étalage, quelle ardeur  posthumes, quelle béate apologie.

Ceux qui ont suivi de plus près le parcours de Dhikra, qui se souviennent, surtout, de ses débuts, pensent à autre chose, eux.

Ils observent, d’abord, que l’idole disparue ne s’évoque pas «à tout-va», ainsi. Au fil des dates. Au gré des sensations . Mais par «tranche d’histoire». Par décades entières.

Ils rappellent, ensuite, aux «affres» de la toute jeune chanteuse parmi les siens. A l’époque, et tout au long des années 80, Dhikra, voix surdouée, rencontrait des réticences auprès de la critique et du large public. On moquait son «timbre chevrotant», outre son physique «terne» et ses «modestes tenues». L’exil en Egypte a tout balayé, tout démenti. Devant la formidable ascension, réticents et moqueurs ont comme retourné la veste. Fait amende honorable, changé radicalement d’avis. Venant de la critique et du large public, l’excès d’admiration pour Dhikra, l’inhabituelle façon, l’étalage et l’ardeur posthumes, la béate apologie, confinent aussi à la repentance. La diva était la diva en 80. Simplement, les écoutes étaient ailleurs. Manquaient. Se trompaient. Elles se rattrapent (entre autres) aujourd’hui.

Ceux-là, ces ex-côtoyeurs, savent, enfin, (et tiennent à le faire savoir) que la méprise sur l’Art et la valeur de Dhikra Mohamed est loin d’être encore résolue. A ses débuts et jusqu’à ses premiers succès en Egypte et dans la sphère arabe, Dhikra était jugée sur ses seules capacités artistiques. Sur son infaillible justesse, sur ses extraordinaires passages de tonalités, sur ses broderies jamais affectées, sur son âme continue au chant. Plus que des critères d’audience et de commerce depuis. La cantatrice, la diva, l’émule du tarab a suscité une autre sorte d’enthousiasme. Des passions de foule différentes. Ses tout derniers tubes, «Alla ghaleb», «Youm alik», et d’autres, le laissaient (le laisse toujours) entendre en tout cas.

On a commémoré le 17e anniversaire de la mort de Dhikra Mohamed ce dernier samedi 28 novembre. Plutôt à l’improviste. Et avec «rajout». L’icône eut elle-même approuvé. Ce fut aussi sa tendance : être dans l’époque, dans le ton.

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